Castelnau de Montmiral, des arcades et un pilori (Tarn)

Pour occuper ce printemps confiné, rien de tel que de replonger dans les voyages des années passées. C'est  en direction du Sud que nous partons.

Chaque année, nous "descendons" (eh oui bien sûr, c'est en bas sur la carte!) vers le Vallespir. Chaque fois que nous en avons le temps, nous évitons de prendre l'autoroute et nous faisons une halte pour découvrir quelques villages, souvent très différents les uns des autres et toujours intéressants.

Ce printemps là nos avions choisi d'éviter Toulouse et de faire une étape vers Gaillac. Quelques recherches sur Internet m'ont amenée à réserver un hôtel à Castelnau de Montmiral, voilà bien un village qui a un nom qui chante. 

Après un arrêt à Saint-Antonin-Noble-Val, un autre des "Plus beaux villages de France", nous arrivons en début de soirée dans le village.

Le printemps 2018 était beaucoup plus frais que celui que nous connaissons actuellement et comble de malchance un orage éclatait lorsque nous nous apprêtions à sortir de voiture. C'est donc valise et parapluie à la main que nous rejoignons notre hôtel d'un pas rapide.

Autant dire que nous n'avons pas été frappés par la beauté de la place des arcades, que nous n'avons pas observé le puits qui occupe le centre de la place, que nous n'avons pas admiré la belle maison de pierres qui abrite maintenant la mairie, que nous n'avons pas remarqué le magnifique dallage de la place. Nous avons juste apprécié les couverts qui nous ont quand même facilité le parcours.

C'est de la fenêtre de notre chambre que nous prenons doucement contact avec le village. 

Sur la place des arcades, les pavés sont brillants, comme vernissés tant la pluie ruisselle.  Le puits a conservé sa margelle et son système à poulie.

Mon esprit vagabond aurait bien vu quelque mousquetaire déboucher d'une ruelle sur son cheval hennissant... La place des arcades est toujours le cœur de la vie du village. Son architecture est variée mais harmonieuse.

Sous les arcades, on découvre "le pilori", un solide pilier  où on  pouvait bien sûr  attacher les chevaux mais qui avait aussi une terrible fonction sociale heureusement disparue.  Les jours de marché, on y attachait, à la vue de tous ceux qui avaient commis divers larcins. C'est aussi là qu'on attachait les femmes infidèles, laissées ainsi à l'opprobre des villageois qui ne tardaient pas à les bannir du village.  De là vient "l'expression clouer au pilori"

Un castelnau, est, au Moyen-Age un ensemble d'habitations construit par un seigneur dans l'enceinte de son château. Ici, la bastide a été construit vers 1222 par Raymond II, comte de Toulouse à la fin de la croisade des Albigeois. Le château a été détruit à la Révolution mais le village est resté lové à l'intérieur des remparts. 

Montmiral signifie le "mont d'où on voit".  Une belle expression pour traduire l'emplacement, sur une colline avec une vue qui porte jusqu'à la forêt de Grésigne, la plus grande chénaie de France, une des plus grandes forêts de chênes d'Europe.  Si Colbert y a fait sélectionner les meilleurs arbres pour réaliser les mâts de la marine royale de Louis XIV, des verriers locaux ont contribué à en faire connaitre le  nom. Ils utilisaient le grès de la forêt de Grésigne pour confectionner des articles en verre de couleur vert/bleu. On en a conservé l'appellation pour des verres anciens de ce type.

Je vous laisse parcourir, parapluie en main, les rues de la bastide.

Nous repartons, comme nous sommes arrivés, sous la pluie mais contents de cette belle étape.

A très bientôt pour une nouvelle balade, là où mes souvenirs me porteront.

Prenez soin de vous.