Des balades, des voyages, ici ou là , au jour le jour avec pour seule envie de s'émerveiller encore et encore
Dans un de mes derniers articles, je vous laissais à la sortie de la chaumière aux coquillages près d'un charmant petit pont. je vous invite à poursuivre votre promenade dans le parc, en direction de la ferme et d'une autre fabrique qui ne manque pas non plus d'intérêt.
Nous avions laissé le domaine vers 1770 lorsqu'il était la propriété du duc de Penthièvre. Déjà à cette époque Louis XVI montrait de l'intérêt pour ce vaste domaine giboyeux. Quoi de plus simple lorsqu'on est un souverain que d'obtenir ce que l'on veut? Et il le voulait ce domaine pour y pratiquer la chasse qu'il affectionnait tant. Ce ne fut pas aussi simple qu'il l'aurait voulu car son cousin, le duc de Penthièvre tenait à son domaine qu'il avait façonné année après année. Mais peut-on résister au roi. Une somme rondelette peut aider à la décision n'est-ce pas et ce fût le cas.
En 1783 c'est chose faite Rambouillet devient domaine royal.
Si le roi est tout à son plaisir de posséder enfin ce vaste domaine, la reine Marie-Antoinette ne partage pas cet engouement. Elle trouve le château sombre et trop "gothique". Elle le compare à une "crapaudière" en raison des marais qui l'entourent. La reine lui préfère Versailles et surtout son hameau où elle peut s'adonner aux plaisirs de la ferme. Pour inciter la reine à l'accompagner, le roi a l'idée de lui faire un cadeau qui, selon lui, devrait lui plaire.
Il commande donc la construction d'une ferme et d'une laiterie
La construction est menée bon train.
Une laiterie de préparation ( destinée à la transformation du lait) est intégrée à la ferme et une laiterie de propreté (destinée à la dégustation ) séparée est construite à proximité. C'est le 27 juin 1787 que le roi et la reine découvrent cette toute nouvelle construction.
Une mise en scène théâtrale avait permis de cacher au regard de la reine un petit bâtiment construit sous la forme d'un temple grec, lui ménageant ainsi un effet de surprise.
A l'intérieur, deux salles sont totalement dédiées au plaisir de la reine Marie Antoinette qui raffole des produits laitiers.
Une première salle, ronde, est surmontée d'un dôme qui laisse largement entrer la lumière naturelle.
Le dallage du sol est animé d'une rosace de marbres rouges et blancs. Au centre, une table ronde permettait de présenter à la reine divers laitages. Tout autour une tablette court contre le mur. On pouvait y déposer tasses, bols et autres récipients. Dans le fond on découvre la grotte.
Tous les décors sont une ode à la nature.
Les murs ont retrouvé les médaillons de Pierre Julien qui s'inspirent des travaux de la ferme comme cette femme qui utilise une baratte de beurre. Dispersés lors d'une vente aux enchères en 1819, ils furent récupérés lorsqu'à la mort de leur père, le célèbre marchand d'art Daniel Wildenstein, ils les mirent en dation pour régler la succession de leur père
Cette autre femme est en train de traire une vache, étrangement petite au regard des proportions de la femme.
Les bas-reliefs représentent des scènes champêtres idéalisées comme ce jeune enfant qui se nourrit goulûment à la mamelle d'une chèvre.
ou encore ces jeunes femmes qui dansent près d'un troupeau de moutons.
Pour déguster ces produits d'exception, il fallait bien une vaisselle adaptée. Un service de porcelaine de 65 pièces fût commandé à la manufacture de Sèvres en 1787.
Mais le plus étonnant est cette jatte/téton, encore appelée bol/sein qu'on a dit moulé sur le sein de la reine.
L'inspiration étrusque ainsi que la couleur parme était très en vogue à l'époque. Le service a été confisqué à la Révolution puis Joséphine se l'est attribué. Dispersé un peu partout dans le monde, les ventes aux enchères en voient parfois passer un exemplaire. Il vous faudra quand même débourser un million d'euros pour avoir une chance de tenir cette tasse entre vos mains!!
Un ensemble de 25 meubles d'acajou massif prenait place le long des murs.
La deuxième salle, plus grande se termine par une grotte dans laquelle circulait de l'eau pour maintenir la fraîcheur du lait. Dans une niche, la statue d'une jeune femme en compagnie d'une chèvre ponctue le décor.
L'endroit est tout à fait charmant mais a-t-il séduit Marie-Antoinette? On peut en douter car elle ne vint en tout et pour tout que six fois dans le Domaine de Rambouillet. Il nous reste le plaisir de le visiter mais comme pour la chaumière aux coquillages, ce n'est possible que par petits groupes et à quelques rares moments de la journée.
Les glycines doivent être à nouveau en fleurs dans le domaine de Rambouillet. Elles accompagnent notre balade et embaument l'air printanier.
Et si le sujet vous intéresse, un lien en bas de bas vous en dit beaucoup plus.
Merci de votre passage par ici. Portez vous bien et prenez soin de vous.
La laiterie de Rambouillet - Persée
T rès* tôt, les princes se sont intéressés à la vie rustique et en particulier à la production des laitages. Catherine de Médicis se fit construire une laiterie près de Fontainebleau. Il y ...