Des balades, des voyages, ici ou là , au jour le jour avec pour seule envie de s'émerveiller encore et encore
Tout près de Béthune, sur la commune de Bruay la Buissière, un lieu appelle notre mémoire à se souvenir de ceux qui ont vécu là pendant cent cinquante ans.
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Construite à partir de 1856, la cité des électriciens est la plus ancienne cité du pays minier.
C'est en 1852, après la découverte d'un filon à Bruay, que la Compagnie des Mines de Bruay a construit un ensemble de maisons pour loger les paysans venus travailler à la fosse N°1. Le village qui ne comptait alors que 750 habitants va tripler en quelques années.
Les terrils qu'on voit au loin, sont la signature de l'activité du pays minier par leur forme conique et leur grisaille.
La rue principale de Bruay est bordée, d'un côté par les maisons hautes et confortables réservées aux contremaitres et, de l'autre, par les barreaux d'habitations des corons des mineurs de fond.
Les habitations ont été construites à l'image des habitations traditionnelles rurales de la région. Elles sont petites et n'ont pas l'eau courante mais ont une cave pour stocker le charbon alloué par la Compagnie minière pour faire la cuisine. Les maisons, toutes identiques comprennent une pièce unique au rez-de-chaussée et des chambres sous les toits. Les murs de briques et de torchis sont tous revêtus d'un enduit de couleur bleue. Elles ont toutes un lopin de terre à cultiver et un carin qui servait selon les besoins de poulailler, de latrines et de débarras.
Les jardins et vergers attenants aux habitations étaient essentiels pour les mineurs qui, pour vivre, partageaient leur vie entre le fond de la mine et le jardinage.
Ces corons ont été construits sous la IIIème République, une période marquée par le progrès et l'essor industriel. On aimait alors mettre en avant les acteurs du progrès, inventeurs et ingénieurs de tous domaines qui allaient changer la vie de nos compatriotes. Dans la cité, on a donné aux rues les noms de ceux qui ont fait progresser le domaine de l'électricité : Ampère, Marconi, Faraday, Branly, Gramme ou encore Laplace. Au fil du temps on a l'a appelée la "Cité des électriciens".
Vous êtes probablement nombreux à ne pas avoir visité cette petite cité ouvrière et pourtant je suis quasiment certaine que, vous qui me lisez en ce moment, vous vous dites que ces rues, ces maisons vous disent quelque-chose. Vous avez une petite idée? Non?
Je vous donne une photo indice.
Celle-ci aussi peut vous aider?
Vous avez trouvé?
C'est bien le décor du film "Bienvenue chez les chtis" Et si vous en doutez encore voici un extrait du film qui se déroule dans cette rue, accessoirisée pour l'occasion.
La fermeture de la dernière fosse en 1979 a sonné le début d'une désaffection progressive. Laissée à l'abandon, la cité aurait pû connaître le même sort que bien d'autres mais la communauté de communes Béthune-Bray en a décidé autrement. Un budget de 15 millions d'euros a été voté pour redonner à ces lieux une nouvelle vie entre "Hier et Demain".
C'est l'architecte Philippe Prost qui a été choisi pour mener ce projet à bien. Il est connu dans la région pour sa réalisation de l'anneau de mémoire de Notre Dame de Lorette dont je vous parlerai prochainement.
Six barreaux ont été sauvés du délabrement et de la destruction. Il a choisi de leur redonner leur couleur d'origine en les peignant les briques en rouge cerise, les portes en vert et les encadrements en blanc éclatant.
C'est au final un vaste espace qui va reprendre vie, entre habitations, mémoire et culture et espaces cultivés.
Le premier barreau est transformé en centre d'interprétation de l'habitat et du paysage minier. Les fosses, les terrils, les corons, l'organisation de la mine, tout y est abordé de manière très pédagogique. Sous sa carapace de tuiles vernissées, il abrite aussi un restaurant qui sert des plats traditionnels préparés avec les légumes cultivés sur place. Des animations, des visites, des conférences et des activités pour les enfants permettent à tous de revivre la vie des gueules noires qui ont vécu ici pendant un siècle et demi.
Le second barreau a été préservé en l'état. Il témoigne de la vie de ses occupants. On y découvre l'organisation des habitations, leur décor parfois hétéroclite.
En 2012, à 95 ans, le dernier habitant à quitter les lieux a vécu toute sa vie dans la maison qui fût celle de ses grands-parents puis celle de ses parents.
C'est en parcourant les voyelles, ces petites allées qui longent les carreaux, contournent les jardins, s'insèrent entre les carins qu'on peut retrouver dans ce lieu de mémoire un peu de la vie des "gueules noires" qui ont participé à le richesse de la France au XIXème siècle.
Les cinq autres barreaux réhabilités ont été transformés en habitations basse énergie pour certains et en hébergements de vacances pour d'autres. On peut ainsi louer des appartements douillets et même une chambre d'hôte installée dans un carin.
La plupart des autres carins permettent à des artistes de mettre en valeur leurs œuvres et de travailler dans des conditions sereines.
Les jardins et les vergers ont été replantés de légumes et de fruits variés. La variété a été respectée pour témoigner de la diversités des origines des gens qui habitaient ici, émigrants polonais, maghrébins et bien d'autres.
Un lieu de mémoire à visiter sans hésitation.
Merci de votre visite sur mes pages. Portez vous bien et prenez soin de vous.
Certaines photos dont les photos aériennes sont issues de sites internet