Des balades, des voyages, ici ou là , au jour le jour avec pour seule envie de s'émerveiller encore et encore
Pour oublier les jours de canicule, je vous emmène aujourd'hui dans un endroit où la fraîcheur est assurée.
Pour aller en Savoie, l'autoroute conduit sans presque s'en apercevoir de l'Isère à la Savoie en traversant de longs tunnels mais avant leur creusement et pendant des siècles, une autre voie de communication a permis de relier la Savoie à la France : la voie Sarde.
Depuis la période romaine (et peut-être même avant) une voie de communication a utilisé une anfractuosité naturelle creusée par le ruissellement des eaux glaciaires dans le massif de Chartreuse. C'est grâce à cette voie qu'on a commercé avec les territoires qui allaient devenir l'Italie. Comme la plupart des voies romaines, elle était soigneusement pavée.
Cette faille naturelle et profonde débouche sur la plaine du Guiers mais quelques dizaines de mètres au dessus de son niveau. C'est donc par un escalier, rudimentaire et vertical, taillé dans la roche que les hommes lourdement chargés de marchandises franchissaient ce dernier obstacle . Le nom du village voisin : Les Echelles vient probablement de là, scala est le nom italien de l'escalier ou de l'échelle en italien.
Au XVIIème siècle, les Ducs de Savoie entreprennent de gros travaux pour rendre cette voie carrossable. Les "échelles", peu pratiques, sont remplacées par une large rampe accessible aux engins à roues mettant ainsi fin au transport des marchandises à dos d'homme.
Dans le même temps un canal est aménagé tout au long de la route pour diriger les eaux de ruissellement de la grotte supérieure et rendre ainsi la route praticable par tous temps.
Aujourd'hui c'est un court tronçon parfaitement préservé qui propose une très agréable promenade. On y accède soit par la partie basse à partir du village de Saint-Christophe la Grotte, soit par le haut. Nos jambes n'ayant plus vingt ans et nous ménageant pour d'autres visites dans la journée, nous avons choisi d'y arriver par la partie haute. Un parking est aménagé près de la Grotte supérieure.
Ce matin là, le soleil faisait miroiter les gouttes de rosée et une bonne odeur de sous-bois nous enveloppait.
En sous-bois, la mousse, très abondante, adoucit les formes des rochers abrupts.
Peu avant d'arriver dans la plaine , une curieuse construction occupe une anfractuosité des rochers. C'est le monument élevé à la gloire de Victor Emmanuel II, dernier roi de Piémont Sardaigne et initiateur de l'aménagement de la voie sarde.
Roi de Piémont Sardaigne, il sera roi de l'Italie réunifiée de 1861 à sa mort en 1878.
La dernière partie de la route était particulièrement raide aussi, il fallait "assurer" les chariots lourdement chargés pour qu'ils ne s'emballent pas dans la pente et risquent de perdre leur chargement. On les retenait donc par des cordes enroulées autour de grosses bornes de pierre. On observe encore les traces d'usure laissées sur les pierres par le frottement des cordages.
Même avec l'installation de ce plan incliné, le passage restait quand même difficile. C'est Napoléon qui fit percer le tunnel qui aujourd'hui encore permet de franchir la Chartreuse et de passer de l'Isère à la Savoie en oubliant les difficultés et le danger du franchissement des monts de Chartreuse.
Des grottes jalonnent cette faille. Elles ont probablement abrité des hommes et des animaux au fil des siècles. La légende dit que Mandrin s'y serait caché et aurait ainsi échappé aux gardes royaux. On dit même qu'il y aurait caché un trésor. On dit aussi la même chose dans d'autres endroits...
Vous voulez en savoir plus sur Mandrin?
Mandrin était l'ainé d'une famille nombreuse. A la mort de son père, il devient chef de famille. Il a 17 ans. A la suite d'une rixe, il est condamnés à mort ainsi que son ami. Il réussit à s'échapper mais son ami est pendu. Il en développe une haine profonde des fermiers généraux et intègre un groupe de contrebandiers.
Très vite il devient le chef de ce petit groupe se définit comme le "capitaine général des contrebandiers de France". Il parvient à rassembler plusieurs centaines de contrebandiers qu'il recrute sous condition de n'avoir ni tué ni volé.
Il achète des marchandises, tabac et étoffes en Suisse ou dans le Piémont et les revend en France au nez et à la barbe des fermiers généraux qui ne peuvent appliquer les taxes habituelles (gabelle et autres). Son but est de défier l'administration au bénéfice de la population. Il reçoit vite l'approbation de la population, et même de l'aristocratie, suscitant même l'admiration de Voltaire.
Il sera arrêté non loin, Pont de Beauvoisin sur la délation d'un des siens et sera roué sur la place de Valence en 1755. Il avait 30 ans.
Populaire de son vivant, il est admiré après sa mort pour avoir été un bandit justicier infatigable.
Dans la région la légende est forte, chaque village trouvant une raison de le célébrer d'une manière ou d'une autre. De très nombreuses activités de type "escape game" fleurissent un peu partout.
Mandrin a été célébré par de nombreux chanteurs comme Yves Montand, Julien Clerc, Renaud ou Dorothée.