Des balades, des voyages, ici ou là , au jour le jour avec pour seule envie de s'émerveiller encore et encore
Heureusement, la route des vacances ne suit pas toujours les autoroutes. Parfois on prend les chemins de traverse, le chemin des écoliers et parfois même on fait l'école buissonnière. C'est ce que nous avons fait pour venir de Poitou en Savoie.
Ce grand détour (de quatre jours quand même) nous a permis de découvrir de bien jolis coins. De belles forêts, des lacs, des villages médiévaux, des sites historiques, des ouvrages d'art exceptionnels, c'est notre programme. On commence par un bien bel endroit, perdu au coeur de la forêt solognote où l'histoire de France, d'Ecosse et d'Angleterre s'entremêle.
C'est à Oizon dans le Cher, entre Berry et Sologne, dans un endroit charmant qui donne envie de flâner que nous avons fait un premier arrêt. Au Nord-Est de Vierzon, notre chemin bifurque à droite sur une petite route qui longe un bel étang, bordé de hauts arbres.
On traverse La Nère qui alimente l'étang, par un très joli pont de pierres moussues.
La majestueuse silhouette du château de la Verrerie se reflète dans les eaux calmes.
Cet élégant château a pris le nom de "La Verrerie" en raison d'une petite fabrique de verre installée non loin d'ici mais c'est aussi à un nom bien connu et prestigieux qu'il est associé : les Stuart, d'Ecosse.
C'est en 1422 que le roi Charles VII fait don du comté d'Aubigny sur Nère à Jean Stuart, connétable d'Ecosse, pour le remercier d'avoir combattu à ses côtés contre les Anglais lors de la guerre de Cent Ans ainsi que 38 mille livres pour services rendus à la Couronne.
« Nostre cher et amé cousin Jean Stuart, seigneur de Darnelé et de Concressault, cosnestable de l'armée écossaise, à nostre prière et requeste, est venu dudit pays d'Écosse, et a amené avec lui grande compagnie de gendarmes, et de trait, en intention et mettant à effet les anciennes alliances des royaumes de France et d'Écosse et à nostre très grand besoin, affaire et nécessité... »
Son petit fils Géraud y fait ériger un logis en bordure de l'étang.
et une chapelle, très élégante avec sa flèche élancée et son toit d'ardoise.
Un siècle plus tard, son gendre, compagnon de Bayard, au retour d'une campagne d'Italie, y ajoute une galerie Renaissance. Très élégante, elle est aujourd'hui utilisée pour des réceptions et mariages.
En 1650 le dernier Stuart d'Albany meurt sans laisser de descendance.
L'acte de donation de Charles VII prévoyait que le château devait rester dans la famille Stuart et qu'à défaut, le domaine reviendrait à la couronne de France. Louis XIV profite de cet acte pour récupérer le bien mais un descendant des Stuart n'entend pas se laisser spolier ainsi.
C'est le roi Charles II d'Angleterre lui-même. qui revendique sa descendance des Stuarts. Le conflit trouve sa solution en attribuant le domaine à Louise Renée de Pancouët.
Ce don arrange tout le monde. Louise Renée de Pancouët est à la fois, la maîtresse de Charles II (et le restera vingt années) et, plus étonnant, l'agent secret de Louis XIV pour les affaires concernant l'Angleterre. Elle obtient en même temps les titres de duchesse d'Aubigny et de Porthmouth. Elle vivra au château de la Verrerie après la mort du roi et s'éteindra à l'âge de 85 ans.
Et voilà que ce château offert aux Ecossais en récompense de leur aide à vaincre les Anglais... revient de droit aux enfants (illégitimes, certes) du roi d'Angleterre. L'histoire est parfois cocasse.
A la mort de la duchesse c'est son fils (enfant illégitime du roi Charles II) le duc Charles de Lennox qui hérite du château mais il refuse rapidement d'en payer les charges.
Charles de Lennox était un ancêtre de Diana Spencer, princesse de Galles, première épouse du prince Charles, mais aussi de Camilla, duchesse de Cornouailles, seconde épouse du Prince Charles. Il était aussi ancêtre de Jane Birkin. L'histoire fait parfois des méandres inattendus.
Le château sera vendu par adjudication au marquis Léonce de Vogüe.
La famille de Vogüe en est toujours propriétaire. Régulièrement entretenu et agrandi, il est devenu hôtel de charme. Actuellement ce sont des chambres d'hôtes, des réceptions, des concerts, des chasses qui maintiennent le lustre du domaine. L'actuel occupant, Béraud de Vogüe, né ici, qui met beaucoup d'énergie dans la valorisation du patrimoine de la Route Jacques Coeur entre Bourges et la Loire.
Le chateau se visite et une balade le long de l'étang...
ou sous les futaies est un pur moment de détente. Les arbres aux branches torturées font penser à un bestiaire fantasmagorique.
On peut prolonger le moment par une halte à la table d'Hélène installée dans une ancienne maison berrichonne à colombages et au toit couvert de tavaillons.
Je ne peux que vous conseiller de passer du temps dans cette région au patrimoine varié à deux pas des châteaux de la Loire pour découvrir des pages d'histoire moins connues mais aussi intéressantes que surprenantes.
Notre chemin va nous conduire au joli village d' Aubigny-sur-Nère pour une balade moyenâgeuse.
Profitez des derniers beaux jours de l'été pour faire de belles balades ici ou là.
Passez une belle journéee.