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Des balades, des voyages, ici ou là , au jour le jour avec pour seule envie de s'émerveiller encore et encore

Le cloître de la Psalette, Balzac et le Curé de Tours (Indre et Loire)

Quittons nos hautes montagnes et la vallée glaciaire pour une vallée beaucoup, beaucoup plus large.  Nous allons prendre la direction du Val de Loire et de la Touraine où nous allons découvrir un endroit assez peu connu de la ville de Tours.

Il faisait beau et doux ce samedi de février en Touraine et les badauds étaient nombreux à déambuler dans les rue de Tours. Avec la douceur de la météo, la vallée de la Loire commence à se colorer des couleurs du printemps. Les saules se couvrent de vert tendre et les alignements de prunus font de belles taches roses sur les bords du Cher. C'est pour moi, avec la floraison des lilas, la plus belle saison en Touraine.

L'occasion était bonne de joindre l'agréable et l'utile. Nos obligations terminées, nous nous sommes laissés porter au gré des rues vers la cathédrale Saint-Gatien dans laquelle je n'étais pas entrée depuis longtemps. Elle présente de très beaux vitraux dont je vous reparlerai prochainement mais c'est dans un endroit un peu plus secret que je souhaite vous amener, le cloître de la Psalette. 

Ce cloître porte un nom bien chantant mais un peu interrogateur. Le meilleur moyen de savoir ce qui se cache derrière ce nom, c'est de le visiter.L'entrée de la visite (payante) se trouve au début de la contre allée nord de l'église.  Une lourde porte ouvre directement sur l'extérieur et débouche sur le jardin clos du cloître. Ce jardin a été redessiné et ouvert au public depuis 2004. Il accueille aux beaux jours des manifestations culturelles et offre un lieu de calme privilégié en plein cœur de la vieille ville.

image La Nouvelle République

Il doit être bien agréable d'assister à un concert dans ce cadre reposant.

Le cloître est adossé à la face Nord de la cathédrale.  Nous sommes ici à proximité de l'ancien château de Tours et des rives de la Loire.

L'élément  architectural le plus important est l'escalier à vis qui occupe l'angle opposé à notre arrivée. Il permet d'accéder aux galeries de l'étage. 

 

Le cloitre de la Psalette à Tours

Au Moyen-Age, les chanoines copistes attachés à la cathédrale  vivaient et travaillaient ici, protégés de l'agitation de la ville.

Les bâtiments dont la construction a débuté au XVème, présentent un style de transition entre gothique flamboyant et renaissance.  Les pierres blanches et le tuffeau sont traditionnelles dans le Val de Loire. 

Le cloitre de la Psalette de la cathédrale Saint-Gatien de tours

Mais  revenons au nom chantant de la Psalette.  Ce sont les chants religieux (les psaumes) qui s'élevaient chaque jour de la manécanterie installée dans un bâtiment attenant qui ont donné ce nom de psalette . On y enseignait en effet, les fondamentaux de la vie religieuses et les chants aux jeunes garçons qui allaient engager leur vie au service de l'Eglise.

Avec ses contreforts élancés, la longue galerie qui occupe la partie la plus ancienne du cloître est de style gothique.

Deux portes (ici à gauche) menaient à la manécanterie et au logement du préchantre (le chef de choeur). Dans cet environnement gothique, elles sont décorées dans un style Renaissance. La salle capitulaire a disparu avec le temps et seule une petite chapelle subsiste au fond de la galerie. Elle a conservé quelques fresques anciennes.

Dans l'angle Nord-Est, la porte de l'escalier à vis est, elle aussi, richement décorée dans un style Renaissance.

L'escalier qui s'enroule autour d'un pilier central a été imaginé sur le modèle de celui commandé par François 1er pour son château de Blois, tout proche. 

Les larges baies ouvertes sur le jardin, la rampe sculptée dans la pierre qui accompagne le marcheur tant sur le mur que sur le pilier central, le plafond à caissons sont des éléments purement renaissance.

 

 

L'escalier débouche sur une terrasse qui domine les maisons alentours. Elles ont gardé l'organisation que décrit Balzac dans Le curé de Tours.  Je vous en reparlerai plus loin.

De nombreuses gargouilles animalières et fantastiques font mine de surveiller le visiteur.

 

Celle-ci est surprenante. Elle représente un enfant qui souffle dans  une corne renversée.

Les éléments architecturaux sont nombreux et inattendus dans un cloître.

 

Une galerie couverte permet d'accéder au scriptorium. Cette salle, éclairée par deux fenêtres orientées au sud, est la seule du bâtiment  à être équipée d'une cheminée. Les chanoines avaient besoin d'une chaleur suffisante pour que leurs doigts ne s'engourdissent pas par le froid et qu'ils puissent continuer leur travail d'enluminure par tous les temps.

A la suite du scriptorium, c'est une longue salle de huit travées aux clefs de voûte travaillées qui  servait de librairie où étaient conservée les ouvrages précieux. C'était au Moyen-Age une des plus grandes bibliothèques de France. La révolution dissoudra le Chapitre des chanoines et la bibliothèque sera rapidement dispersée.  Des expositions sont régulièrement organisées dans cette belle salle. 

Chaque pilier est orné d'un magnifique décor sculpté  représentant des végétaux.

Le cloître de la Psalette, Balzac et le Curé de Tours  (Indre et Loire)
Le cloître de la Psalette, Balzac et le Curé de Tours  (Indre et Loire)
Le cloître de la Psalette, Balzac et le Curé de Tours  (Indre et Loire)

Le fenêtres  de la bibliothèque sont ornées de vitraux de facture récente qui animent la salle de couleurs lumineuses.

 

 

 

Les enluminures

La ville de Tours a toujours eu une tradition d'enluminures. Trois ateliers religieux abritaient des ateliers de copistes. Le plus ancien est celui de l'abbaye de Marmoutier. Ceux de la basilique Saint-Martin et de la cathédrale Saint Gatien (ici) sont plus récents. Des ateliers se sont ensuite installés dans la ville pour répondre à la demande croissante des rois de France qui passaient, avec leur Cour, beaucoup de temps dans les châteaux environnants.

Les miniatures de Tours de Jean Fouquet, connurent vers 1420 un grand succès. gràce à leurs couleurs vives, la perspective des paysages et leurs détails. 

miniature de Jean Fouquet

 

Le curé de Tours de Honoré de Balzac

Honoré de Balzac a souvent situé ses intrigues de la Comédie Humaine dans le Val de Loire. Dans son livre, le curé de Tours, il place l'intrigue aux alentours du cloître de la Psalette.

Il y raconte l'histoire de l'ambition de deux prêtres, l'abbé Birotteau et l'abbé Troubert que veulent devenir chanoine de la cathédrale Saint Gatien de Tours et hériter de l'appartement confortable du prédécesseur. L'action se déroule principalement aux abords de la cathédrale. Et s'il vous dit de lire quelques lignes de Balzac, voici un passage que Balzac situe aux abords de la cathédrale.

"Jadis, il existait dans le Cloître, du côté de la Grand’rue, plusieurs maisons réunies par une clôture, appartenant à la Cathédrale et où logeaient quelques dignitaires du Chapitre. Depuis l’aliénation des biens du clergé, la ville a fait du passage qui sépare ces maisons une rue, nommée rue de la Psalette, et par laquelle on va du Cloître à la Grand’rue" 

 

Ce nom indique suffisamment que là demeurait autrefois le grand Chantre, ses écoles et ceux qui vivaient sous sa dépendance. Le côté gauche de cette rue est rempli par une seule maison dont les murs sont traversés par les arcs-boutants de Saint-Gratien qui sont implantés dans son petit jardin étroit, de manière à laisser en doute si la Cathédrale fut bâtie avant ou après cet antique logis. Mais en examinant les arabesques et la forme des fenêtres, le cintre de la porte, et l’extérieur de cette maison brunie par le temps, un archéologue voit qu’elle a toujours fait partie du monument magnifique avec lequel elle est mariée. Un antiquaire, s’il y en avait à Tours, une des villes les moins littéraires de France, pourrait même reconnaître, à l’entrée du passage dans le Cloître, quelques vestiges de l’arcade qui formait jadis le portail de ces habitations ecclésiastiques et qui devait s’harmonier au caractère général de l’édifice. Située au nord de Saint-Gratien, cette maison se trouve continuellement dans les ombres projetées par cette grande cathédrale sur laquelle le temps a jeté son manteau noir, imprimé ses rides, semé son froid humide, ses mousses et ses hautes herbes. Aussi cette habitation est-elle toujours enveloppée dans un profond silence interrompu seulement par le bruit des cloches, par le chant des offices qui franchit les murs de l’église, ou par les cris des choucas nichés dans le sommet des clochers."

Un rayon de soleil est venu éclairer la face nord de la cathédrale. Il est temps de continuer notre visite de la cathédrale.

La face nord de la cathédrale saint-Gatien de Tours

 

Merci de votre passage par ici. Passez une belle journée.

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M
Ce cloître est une pure merveille ! Quel bonheur de le visiter avec toi ce matin...J'aime beaucoup l'espace, l'escalier à vis, les sculptures d'une grande richesse en effet, les enluminures et ces salles joliment décorées. Je trouve très jolie aussi la lumière apportée par les vitraux modernes...En fait je réalise en te lisant que je n'ai jamais visité de cloîtres gothiques :) Bisous et une douce journée
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T
Comme toi, j'ai été très étonnée de l'architecture de ce cloître qui ressemble plus à un château qu'à un édifice religieux. J'ai bien d'autres endroits surprenants à vous faire découvrir en Touraine mais parfois je n'y pense pas. A bientôt
V
un régal! c'est original cet escalier, il est spécial ce cloître, c'est une jolie découverte, merci!!! j'adore les enluminures. gros bisous. cathy
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T
C'est vraiment un endroit étonnant dont la décoration n'est pas habituelle dans un lieu religieux. J'ai bien aimé cette découverte.<br /> Passe une bonne journée.